Un week end à fort Mahon, la lecture du Courrier Picard et voilà... Deux articles pour mes amis chasseurs.
BAIE DE SOMME Une hutte flottante à la dérive
La hutte dérivait dimanche après-midi, ici, au Cap Hornu, à Saint-Valery.
Les touristes de passage sur la côte, dimanche, pour les grandes marées, ont pu apercevoir un objet flottant non identifié.
En réalité, il s'agissait d'une hutte de chasse flottante. Habituellement fixée à la terre par des chaînes qui lui permettent de monter et descendre en fonction du niveau des eaux, cette hutte s'est décrochée et a flotté une partie de la journée au large de la baie.
Le Tréport en renfort
Repéré par des kayakistes du club valéricain, ce cube de ferraille de 2,5 tonnes a posé un cas d'école aux sauveteurs cayolais. Appelés en renfort alors qu'ils étaient en exercice non loin de là, les membres de la SNSM de Cayeux ont en effet eu tout le mal du monde à ramener l'objet à la dérive sur la terre ferme, trop lourd pour le matériel dont ils disposent.
La hutte a continué sa déroute jusqu'au blockhaus situé au sud de la pointe du Hourdel. Ils ont alors appelé leurs collègues du Tréport, venus en renfort avec leur vedette, un bateau plus gros, capable de remorquer la hutte. Mais là encore, ce ne fut pas une mince affaire.
Les sauveteurs tréportais ont manœuvré jusqu'à 1 heure du matin pour, enfin, ramener le cube métallique sur la rive. Un accident sans incidence, «mais qui représentait un vrai danger pour la navigation », estime Patrick Wattrelos, de la SNSM de Cayeux.
Hier matin, la hutte a été levée sur une remorque agricole pour être ramenée à son emplacement d'origine.
Lutter contre l'ensablement ou l'accompagner?
C'est une des questions posées par la modification du paysage, à laquelle réfléchissent les techniciens.
Construire de grands espaces nature en Picardie maritime est le socle du développement de la côte picarde. Désensabler ou accompagner l'ensablement? Cette question est à l'étude au Syndicat mixte de la Baie de Somme, dans le cadre d'un projet de territoire «Terre-Mer».
La réflexion vise à maintenir l'entité paysagère. Une prise de conscience de la valeur maritime, qui passe de l'éco-cueillette à la pêche, sans oublier l'activité touristique. Il faut trouver l'équilibre de ce territoire qui a évolué. D'autant que, depuis le 17mars, la Baie de Somme est labellisée «Grand site de France».
Sébastien Desanlis, responsable de projets environnementaux au sein de ce syndicat mixte, d'une part, et responsable d'exploitation du Parc du Marquenterre , d'autre part, est dans le vif du sujet.
L'ensablement va changer le paysage. Il faut trouver l'équilibre économique et social, préserver et protéger les 20000 hectares de zones humides.
Ralentir ou pas l'ensablement de la Baie? Une étude a été réalisée en1994 par le conseil général de la Somme. Ou placer le curseur?
«Il faut trouver le juste milieu dans le cadre du développement durable. Accompagner l'ensablement, oui, mais dans ce cas, aller jusque ou ? Mers, Le Tréport, LeHavre, la Normandie... Et remonter vers le Pas de Calais? Sinon, cela ne servirait à rien. Ou alors, provoquer l'érosion juste à l'échelle de la côte picarde? Il va falloir accepter les changements d'une nature forte, considère ce technicien. Avec un investissement correct pour trouver les meilleures solutions entre les projets terre et mer.Face à l'accélération constatée des phénomènes naturels, nous devons être matures et accepter les changements».
Il faut continuer à limiter la spartine par un labour (non nocif), déplacer les digues ou les protéger, leur faire retrouver leur espace, comme cela a été fait avec le Dien, la première pièce du puzzle, recréer le paysage qui mène à la pointe du Hourdel.
Le parc naturel sur l'estuaire a 50 ans. Créé en1961, cet enclos, qui reste néanmoins fragile, est devenu une zone incontournable de restauration pour 360 espèces d'oiseaux. Doit-on les laisser partir ailleurs? Finalement, quelles sont les bonnes décisions à prendre entre ces différentes hypothèses? Il nous appartient sans doute de changer nos perceptions et accepter que notre paysage se modifie.
De notre correspondante
MICHELLE BIGOT