La sixième section des Wateringues s'inquiète pour le devenir de la basse vallée de la Slack
d'un décret impérial. Situées dans un triangle Calais, Saint-Omer, Dunkerque, elles sont divisées en treize sections (cinq dans le Nord et huit dans le Pas-de-Calais).
La quasi totalité des terres qui les composent étant à une altitude inférieure au niveau des plus hautes mers, elles dépendent d'un dispositif hydraulique d'assèchement complexe reposant sur un réseau dense de canaux intérieurs, de vannes, d'écluses et de stations de pompage relié à des ouvrages d'évacuation à la mer. Un système qui met parfois à mal les usagers et crée des tensions, comme c'est le cas de la sixième section des Wateringues, sur le territoire de Bazinghen, Wimille, Ambleteuse, Beuvrequen, Marquise.
Bâtons dans les roues
Face à une situation qui ne cesse de se dégrader, Franck Butor, agriculteur et président de cette sixième section des Wateringues depuis plus de dix ans, vient de présenter sa démission au sous-préfet, au motif que les bénévoles n'ont plus aujourd'hui les moyens d'agir et d'effectuer correctement leur travail. « Si on avait l'appui de la CLE (Commission locale de l'eau) et du SAJE (Schéma d'aménagement et de gestion des eaux), on aurait beaucoup moins de problèmes, lance-t-il. Mais là, tout le monde nous met des bâtons dans les roues et ce n'est plus possible ». Avec la loi sur l'eau, « nous ne pouvons plus effectuer de curage sans autorisation préalable, poursuit Franck Butor. Mais quand on voit qu'il faut plusieurs mois pour obtenir cette fameuse autorisation, cela veut dire que nous n'avons plus la possibilité d'intervenir en cas d'urgence (éboulement, faucardage) au risque de perdre nos récoltes ». Jean-Paul Dhalluin, Frédéric Dausque et Philippe Pierru, eux aussi agriculteurs sur les terres du marais, sont tout aussi amers devant cette situation.
Invasion de rats
Même si les textes disent que l'on veut garder une vocation agricole au marais, pour eux, la réalité est tout autre. Tout est bloqué actuellement, dans l'attente de la mise en place d'un plan quinquennal de curage. Une absurdité, selon ces agriculteurs, qui ne réglera pas les urgences.
Ils se sentent par ailleurs « utilisés » et n'ont pas peur d'affirmer être une « main-d'oeuvre gratuite », usant d'un budget d'à peine 15 000 E par an pour gérer 500 hectares de prairies et 27 km de rivière. Un budget qu'il faudrait multiplier par dix s'ils n'assuraient plus le travail.
Enfin, si l'entretien ne peut plus être effectué correctement, on pourrait voir une zone insalubre pour les humains, la faune et la flore se recréer, avec notamment une invasion de rats et de moustiques et par conséquent, une vingtaine d'éleveurs de bovins disparaître au sein du marais. Un bon en arrière de 200 ans, peste Franck Butor. • BERTHE DURIEZ (CLP)